Dans quelques jours, le Maroc accueillera l’un des événements les plus attendus du continent : la Coupe d’Afrique des Nations.
Un moment que tout un pays prépare depuis des mois, voire depuis des années. Certes, la CAN est une fête sportive, mais elle est aussi et surtout un rassemblement massif de populations, une occasion unique qui fera converger vers nos villes des milliers, voire des millions de supporters africains et internationaux.
Au-delà de l’enjeu sportif, en espérant évidemment que nos joueurs feront vibrer tout le pays et garderont la coupe à la maison, cet événement met sous les projecteurs le Maroc, son hospitalité, sa culture plurielle et son histoire millénaire. Un pays sportif, passionné, et surtout un pays qui sait accueillir.
Regarder la CAN autrement : non pas depuis la pelouse, mais depuis les flux
En tant qu’architecte-urbaniste, ayant travaillé sur des projets aussi variés que des gares, des aéroports, des stations de métro ou des grands lieux culturels, de la cathédrale Notre-Dame à Paris aux équipements culturels contemporains, je porte un regard particulier sur les événements de grande envergure : la gestion des flux et l’accessibilité.
Qu’on parle d’un stade, d’une gare ou d’un sanctuaire, la problématique est la même :
comment organiser l’arrivée, la circulation et le départ de foules massives dans un espace limité, partagé, et soumis à des pics de fréquentation intenses ?
C’est précisément ce défi que devra relever la CAN 2025.
1. Deux temporalités, deux défis : l’arrivée vs le départ
Le premier point crucial est la différence entre :
- L’arrivée des supporters, progressive, étalée, plus facile à absorber.
- Leur départ, massif, quasi simultané, concentré en quelques dizaines de minutes.
Ces deux moments ne se gèrent pas de la même manière.
Ce qui est acceptable pour l’arrivée peut devenir critique au départ. Il est donc indispensable d’anticiper, modéliser et dimensionner les accès en fonction de ces scénarios.
2. Une CAN multimodale : train, taxi, bus, voiture… et mobilité douce
Tous les spectateurs n’arriveront pas par le même mode de transport. C’est même l’une des complexités majeures à gérer : Train, Bus urbains et interurbains, Voiture personnelle, Taxi, Navettes dédiées, Piétons et pourquoi pas une offre de mobilité douce, comme le vélo personnel ou en Libre-Service.
Une CAN moderne se doit d’être multimodale, avec une accessibilité fluide, cohérente et sécurisée.
Cela implique :
– des zones de dépose minute positionnées intelligemment,
– des espaces taxis identifiés,
– des parkings adaptés,
– des liaisons directes entre gares et stades y compris des passerelles au-dessus des voies ferrées bien dimensionnées
– des itinéraires piétons continus et éclairés.
3. La signalétique : un détail qui n’en est pas un
L’accessibilité, ce n’est pas seulement les routes et les bus.
C’est aussi la lisibilité.
Une signalétique bien pensée peut transformer l’expérience d’un visiteur.
Elle doit être :
- claire
- visible
- multilingue
- cohérente du premier au dernier mètre
- adaptée aux forts flux
Un visiteur perdu, mal orienté ou plongé dans une foule mal guidée vivra une expérience négative… qui restera associée à l’événement, et parfois au pays.
4. Une CAN durable et tournée vers l’avenir
L’événement peut aussi être l’occasion de réfléchir à une mobilité plus durable :
- renforcement des transports collectifs,
- services multimodaux temporaires,
- vélos en libre-service,
- cheminements piétons sécurisés,
- réduction de la part modale de la voiture individuelle.
La CAN pourrait devenir un laboratoire grandeur nature pour tester des solutions de mobilité innovantes, durables et adaptées à la ville de demain.
Conclusion : un événement sportif, un défi urbain, un symbole national
La CAN 2025 est bien plus qu’un événement sportif.
C’est un moment où le Maroc peut montrer :
- son sens de l’accueil,
- son organisation,
- son infrastructure de mobilité,
- sa capacité à gérer des foules internationales,
- sa vision d’un développement durable.
La clé du succès ne se jouera pas uniquement dans le stade.
Elle se jouera avant, autour, et après le match.
Un pays qui sait gérer ses flux… est un pays qui sait accueillir le monde.


